mar 26 Mai 2009
Oui, j’ai vu les maisons en banco rouge de Ségou, les pirogues au confluent des fleuves Bani et Niger à Mopti, la mosquée en terre de Djenné et le sable qui envahit Tombouctou ; j’ai vu aussi les éleveurs peuls avec leurs chapeaux de cuir coniques rouges ou noirs, et leurs femmes avec le tour de la bouche tatoué comme les Simpson, les Touaregs inspirant crainte et respect, à moins que ce ne soient leurs chameaux, le sabre ou le poignard dans son fourreau de cuir, puis les chasseurs dogons avec leurs bonnets à trois pointes et les greniers à mil coiffés d’un toit de paille pointu. Car j’avais bien repris la route depuis mes vacances en Guinée. Evidemment. Que même je me suis dit à ce moment là que si je n’avais pas réussi à m’arrêter cette fois, je ne saurais sûrement jamais le faire… Et j’ai donc traversé tout le Mali depuis.
Pourtant, je me souviendrai surtout – et certainement longtemps – de la chape de plomb et du vent brûlant qui m’ont scotché des heures durant sur les pistes sablonneuses, l’esprit en proie au doute quant à l’existence d’un prochain puits ; des litres d’eau, jamais fraiche, avalés quand j’y arrivais enfin ; des scorpions, qui m’ont contraint à dormir dans ma tente, me privant ainsi des seules heures de relative fraicheur de la nuit. Mon corps s’est liquéfié, mon sang a bouilli, cafetière à la limite de l’explosion ; ma raison me fuyait parce qu’elle n’arrivait plus à gérer la situation.
Trop chaud.
Et je le dis sans honte : jamais, jamais je n’ai aspiré si fortement à la fraîcheur de mes sapins et de mes lacs vosgiens.
Puis je suis arrivé. Et bientôt j’y serai.